Compagnie de théâtre La Dissidente - Rouen (76)

Bruit dans la cuisine

 

Date de sortie samedi 3 décembre 2016 à 16h  au Théâtre des Deux Rives, à Rouen.

La soirée : 

 

Depuis trois ans, Le CCAS de Mont-Saint-Aignan travaille avec la population locale sur le thème de la mémoire de ses habitants de 1950 à aujourd’hui avec différents outils d’animations et artistiques. Ce dernier a fait appelle au CDN de Haute-Normandie implanté sur leur territoire pour clore cette opération. Il s’agit donc d’une commande passée par le CDN de Haute-Normandie et du CCAS auprès de MH Garnier.

Il s’agit d’inviter des volontaires de tous âges à participer à une expérience théâtrale. Pour beaucoup, ils n’ont jamais pratiqué et curieux, ils poussent la porte de cet endroit encore mystérieux : le théâtre. Il pourrait s’agir d’un volet intime. L’envie de mêler les générations s’impose et fait surgir une image des corps. Un thème s’est dégagé immédiatement le lieux de la conversation familiale : la cuisine, puis l’action qui en découle : le repas de fête. Des personnages assis - debout, puis assis autour de la table, autour de la soupe ou/et d’un repas de fête emblème du cocon familial pourraient rassurer. En fait, ils inquiètent (dérangent parfois) parce qu’ils renvoient à tous les corps assis de ceux qui ont renoncé à s’instituer au sens étymologique, c’est-à-dire se mettre debout. Assis, on se laisse vivre, donc on meurt. Et comme les mots ne peuvent plus énoncer, les corps dénoncent.

 

Les Gens

Ils vont se raconter et nous raconter.

Comment c’était avant ? Comment voit on l’avenir ? Comment est ma ville ? Comment les familles s’organisaient avant et maintenant ? La question de l’héritage ? Qu’est ce qu’on transmet ? Quels sont les évènements marquants d’une vie ? Ou encore peut-on « la » ou « le » croire, jeune ou vieux, dans son exercice de rédemption, sa reconquête d’eux-mêmes ? Faut-il au contraire les voir comme des fous en liberté ?
 

Toutes ces questions auxquelles on pourrait répondre par des discours simplistes qu’on imagine bien, rejoint notre préoccupation à tous. Contamination dans le social, comme dans l’intime pour des règles qui changent : dans un jeu de massacre généralisé, en famille, au travail, en société, l’individu est renvoyé à lui-même et attend au lieu de vivre, en épousant tour à tour le rôle du bourreau et de la victime.
 

Les volontaires travailleront et découvriront sans doute l’art de l’improvisation dans une premier temps puis suivront des atelier d’écriture avec Ronan Cheneau qui finalisera le texte présenté.

 

Cet atelier renoue avec la thématique du théâtre du quotidien : montrer la vie quotidienne, banale des petites gens pour combler la brèche entre la Grande Histoire et l’histoire « mesquine » mais insistante et obsédante des gens qui n’ont pas « voix au chapitre ».

Comme dans un théâtre minimaliste à partir de quelques épisodes ou phrases récurrentes, « ces extraits de textes » retraceront un milieu, une époque.

Et voilà où nous entraîne cet atelier : à la frontière paradoxale du théâtre du réel, dans un espace où tend le désir, où la vision des actes ne peut être que fantasmée.

Mais les comédiens et comédiennes en herbe découvriront le travail collectif de l’interrogation et de la transmission et je l’espère en ressortiront plus fort.

 

Le Lieu

Mettre en scène « ces paroles» impose avant tout autre chose, de répondre à cette question : Qu’est-ce qu’une cuisine?
Et immédiatement cette question éradique toutes tentations d’un espace « vériste ».

C’est la petite cuisine intérieure des protagonistes.

Et aussi le lieu où l’on crée, fabrique la cuisine justement, l’endroit où se retrouve la famille pour partager la nourriture terrestre qui permet à la nourriture spirituelle de s’échanger.

Travailler sur la mise en scène de « ces paroles » exige d’imaginer un cadrage de « l’intime » d’où la nécessité d’un traitement poétique de l’espace qui demande à la scénographie, la lumière et le son de mettre en relief cette « parole intime » en faisant décoller de l’entendement premier : le possible naturalisme.

Quatrième personnage, témoin de toutes les scènes familiales, elle est bien plus qu’un lieu utilitaire, elle est l’intériorité même des êtres. Elle peut se montrer accueillante, bienveillante et parfois repoussante, insupportable, cruelle et vit au rythme d’une lignée de petites gens. Elle est la mémoire où se déploie l’inaccessible, le souvenir nostalgique, le passé révolu (rêvé ou réel), les renoncements, les espoirs, les échecs, les lâchetés, les joies, les drames, les secrets encombrants.

 

Le Souhait 

Nous cuisinerons en direct. Peut être goûterons nous la soupe à la grimace, ainsi que l’immuable tarte du dimanche ? Et la chorale « la part de rêve » partagera nos parts de joie au cours du repas où de doux airs intimes seront murmurés au creux de nos oreilles tout au long de la représentation.
 

Chacun de ces acteurs-amateurs est porteur d’un mystère, d’un secret. Et comme tous les secrets de famille ils dérangent, ils choquent.

L’art de la suggestion : allier force - puissance de jeu et fragilité de l‘être où humour et émotion le disputeront à la noirceur du monde.



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Textes : Sophie Talbot - Conception graphique : Mary Delavigne - Développement web : Maud Chastres